Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les citoyens par leurs cotisations, c’est-à-dire par leur travail, absolument comme ils subviennent, par le travail, à leur propre subsistance. C’est la raison des choses, la nécessité qui le veut ainsi, et jamais personne ne s’inscrivit en faux contre son commandement.

Le libre arbitre cependant, de qui dépend en dernier ressort toute l’action sociale, ne procède pas d’abord avec cette rigueur de logique. C’est un des priviléges de l’homme de raisonner la nécessité, de la combattre même, avant de s’y soumettre.

Une des premières pensées de l’homme, à peine éclos à la civilisation, sans expérience de la justice, fut de se décharger sur son prochain, par la pratique de la servitude, de l’obligation du travail. Et comme ce sont les plus forts et les plus habiles qui jusqu’à ce jour ont composé les gouvernements, la raison d’État n’a fait que consacrer cette oppression, en demandant exclusivement l’impôt soit à une classe soumise, serve ou travailleuse, soit à des populations étrangères rendues tributaires. Ainsi s’est constitué dans l’origine, par la force et avec la sanction du culte, le droit de conquête ou droit divin, qui s’est maintenu officiellement dans tous les États de l’Europe jusqu’à la fin du dernier siècle, et qui subsiste encore, déguisé, dans la plupart de nos institutions.