Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/16

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Raison philosophique du droit divin et de l’esclavage :
l’éducation des masses.


Pourtant cette raison d’État, tout odieuse qu’elle soit dans son inspiration égoïste, n’est point absurde. Elle a ses motifs secrets, son but, sa mission propre, aussi bien que la nature à qui elle semble faire violence ; le dirai-je ? elle a sa loi, son droit, et, si légitime que soit aujourd’hui la réprobation de ce droit, la philosophie répugne à n’y voir qu’une institution de hasard ou de machiavélique arbitraire. La philosophie se demande quel pouvait être le sens de cette antique servitude, dans laquelle la conscience des modernes ne saurait plus reconnaître qu’une frappante iniquité.

Le droit divin, l’esclavage, nous disons aujourd’hui l’exploitation de l’homme par l’homme, et l’impôt, tout cela fut autrefois une seule et même chose ; aujourd’hui, au contraire, l’égalité et l’impôt, c’est en principe, et ce sera tôt ou tard dans la pratique une seule et même chose : d’où vient cette opposition ? Comment s’est opéré, dans les idées et les tendances des nations, un tel changement ? La réponse à cette question doit être sérieusement méditée. Car elle seule nous donnera l’explication des inégalités et des anomalies qui existent dans l’impôt, et par suite les conditions d’une réforme.

Lorsque les premiers humains, éparpillés sur la surface de la terre, commencèrent à se rapprocher et