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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/17

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à former de petites agglomérations politiques, instituèrent les mariages, l’autorité paternelle, la propriété, la royauté, les sacrifices, et quelques formules de lois, la puissance publique fut considérée comme une émanation du ciel, omnis potestas à Deo, et se trouva dès lors investie de l’action civilisatrice. Toute propriété releva, par la même raison, du gouvernement, c’est-à-dire du droit divin : Domini est terra et plenitudo ejus, la terre est à l’Éternel et tout ce qui la remplit, dit le Psalmiste.

Les propriétaires, ou nobles, compagnons du roi, furent considérés comme de simples usufruitiers : quant à la multitude, encore à l’état sauvage, qu’il s’agissait de former au travail et aux mœurs, son lot fut naturellement l’obéissance et la servitude. C’est par cette rude discipline du travail servile, il faut bien l’avouer, que les peuples se sont élevés peu à peu à la civilisation, à la liberté, et à l’exercice de leurs droits. L’homme n’est sorti de la sauvagerie que pour devenir, pendant de longs siècles, un forçat.

La condition de l’impôt est donc parallèle à celle de la propriété. Tout ce que produit l’esclave est censé appartenir à son maître ; de même que tout ce que produit la race vaincue, hilotes, serfs, colons du fisc, etc., est censé appartenir à l’État. Quant à la propriété, émanation du souverain, privilége de l’homme libre, c’est-à-dire du noble, elle est franche de tribut ; seulement elle relève du prince et lui rend hommage.