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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/178

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Passons à l’autre face de la question. — Le principe héréditaire, nous dit-on, est une loi purement conventionnelle, émanée de l’omnipotence de l’État, que l’État par conséquent a le droit de changer, s’il lui plaît. La taxe qu’il impose aux héritiers n’est qu’une indemnité de ce droit, indemnité d’autant plus légitime qu’elle est conforme au principe d’égalité, dont vous reconnaissez vous-même la justice.

La nature théocratique de l’impôt sur les successions se révèle ici dans tout son jour. Sous le régime de la féodalité et du droit divin, le véritable héritier n’est pas le fils ou le plus proche parent du mort, c’est le suzerain, ou, comme nous disons aujourd’hui, l’État. Puissance des mots ! Contre le rétablissement de la mainmorte au profit de l’Église ou d’un chapelain la démocratie se soulèverait en masse ; l’État héritier n’a rien qui l’effraye.

Mais qu’est-ce que l’État ? L’État est la puissance de collectivité des citoyens représentée par des fonctionnaires élus et jouissant de certains droits et attributions parmi lesquels figure en première ligne la production de certaines utilités générales, et conséquemment le droit de s’en couvrir au moyen de l’impôt.

L’État, au point de vue des services qu’il rend et des impôts qu’il perçoit, est pour le citoyen un échangiste : ce n’est pas un suzerain. La constitution de la famille ne relève pas de lui ; elle lui est antérieure et supérieure. La propriété n’en relève pas davantage : elle a son principe dans l’individualité de notre moi,