Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/179

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sa condition dans le travail, sa garantie dans la propriété équivalente du prochain. L’hérédité n’est point une loi de l’État, une institution de législateur : comme la famille et la propriété, elle a sa source dans les profondeurs de notre nature. Enfin, ce qui achève la démonstration et ruine de fond en comble l’hypothèse de l’intervention de l’État, c’est que l’État est inhabile à posséder, dans le sens du moins que nous l’entendons de l’individu ; inhabile à faire valoir, inhabile par conséquent à hériter. L’État n’est ni agriculteur, ni éleveur, ni vigneron, ni maraîcher, ni industriel, ni armateur, ni commerçant : il n’exerce aucune des fonctions que nous avons reconnues comme étant l’apanage propre des citoyens. L’État a ses fonctions de police, d’administration générale, de juridiction, qui lui interdisent toute immixtion dans les fonctions, professions et propriétés dévolues aux particuliers. Là surtout est le caractère du droit moderne, en vertu duquel a surgi, en face de l’antique État absolutiste, une puissance nouvelle, la Liberté.

Supposons pour un moment que l’État devenant héritier, comme on prétend lui en réserver au moins en principe la prérogative, entre en possession : comme ses attributions lui défendent de se livrer à aucune entreprise industrielle ou commerciale, il ne recevra l’héritage que pour le remettre à un nouvel exploitant, à un homme de son choix, à qui il donnera l’investiture et imposera des conditions. Quel sera cet élu ? Quelles seront les conditions du nou-