Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/189

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sés, les moyens de la production et les conditions de la concurrence. À ce point de vue, la douane fait l’objet d’une discussion incessante parmi les économistes : nous n’avons point ici à nous en occuper.

Comme machine à impôt, on peut dire de la douane et de l’octroi la même chose que des autres contributions indirectes : c’est un système où le fisc, dont les besoins croissent sans cesse, renonce sans honte ni vergogne au principe de proportionnalité, et met à rançon l’estomac et la santé du contribuable. Devant la justice, l’économie politique et l’hygiène, on pourrait dire que c’est une question vidée, si, en fait d’iniquités fiscales, d’atteintes à la justice et de contradictions dans les principes, les questions se vidaient jamais.

Les taxes de consommation, enfin, démoralisent le peuple en l’excitant à la fraude et le mettant en hostilité avec le gouvernement.

« Sous Louis XIV, la contrebande du sel produisait à elle seule, chaque année, 3,700 saisies domiciliaires, 2,000 arrestations d’hommes, 1,800 de femmes, 6,600 d’enfants, 1,100 chevaux saisis, 50 voitures confisquées, 300 condamnations aux galères. Et ce n’était là, » observe l’historien, « que le produit d’un impôt unique, de l’impôt du sel. Quel était donc le nombre total des malheureux emprisonnés, torturés, expropriés, pour l’impôt ?… »

De nos jours le fisc, ou les tribunaux correctionnels et de police qui le représentent, sont beaucoup plus doux à l’égard des contrebandiers et des fraudeurs : l’humanité a gagné, la moralité a perdu. Le régime