Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/190

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des transactions amiables entre la régie et le fraudeur surpris n’est-il pas l’aveu formel, de la part du fisc, que l’impôt exigé, perçu par lui, est inique dans sa répartition, inique dans sa quotité, et que sa seule excuse est la nécessité du budget, la raison d’État ?

Avant tout, dit le gouvernement, il faut que je vive. Pour vivre, il me faut de l’argent, beaucoup d’argent. Cet argent, je le prends où je le trouve, je me le procure comme je puis : tant pis pour celui qui tombe sous ma coupe ! J’ai fait ce que j’ai pu pour rendre l’impôt juste, égal, proportionnel ; j’ai usé de tous les moyens, j’ai appliqué toutes les combinaisons, j’ai fait appel à tous les systèmes. L’argent m’a toujours manqué. Je plains sincèrement le pauvre paysan, le manœuvre, le salarié ; mon cœur saigne à la vue des misères du peuple ; mes entrailles sont émues de compassion, si je suis dans la nécessité de sévir. Les conditions de mon existence me plongent dans le désespoir : il vaudrait mieux pour l’humanité n’être pas née que d’être organisée et gouvernée comme elle l’est. Mais puisque ainsi sont les choses, que vous n’êtes pas décidés à mourir, chers contribuables, et que vous ne savez vous passer de gouvernement, résignez-vous : il faut que je vive !


§ 3. — INCONVÉNIENTS COMMUNS A TOUS LES IMPÔTS.
EXAMEN APPROFONDI DU PRINCIPE DE PROPORTIONNALITÉ : COMMENT IL SE TOURNE CONTRE LE PAUVRE.


S’il suffisait de la sanction d’un long usage pour légitimer une institution, on pourrait, sans autre