le courage de faire mal aux propriétaires. Dans une brochure sur les Impôts dans le canton de Vaud, signée Jacques Philippon, 1860, je lis qu’il a été question d’établir un système de progression, d’après lequel le taux de l’impôt étant de 1 pour mille à mille fr., serait de 2 pour mille à un million, et de 3 pour mille à un milliard. La progression frapperait à la fois le capital, le revenu mobilier et les héritages, et cela sans préjudice, bien entendu, des autres sortes d’impôts. Il en résulterait qu’un millionnaire devrait au fisc, en sus de la cote ordinaire établie sur le principe de la proportionnalité :
1° | 2 pour 100 sur son capital, soit pour un million. | 2,000 | fr. |
2° | 2 pour 100 sur son revenu mobilier, soit pour un revenu de 25,000 fr. en rentes publiques ou placements sur hypothèque |
500 | |
3° | pour ses héritages, s’il venait à hériter d’un autre million | 2,000 | |
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Total. | 4,500 | fr. |
C’est une satisfaction sans doute à la démocratie, dont les votes, en Suisse comme dans plusieurs autres pays, sont la loi de l’État, que ces 4,500 fr. arrachés à un personnage deux fois et demie millionnaire. Mais est-il clair, d’après cet exemple, qu’on ne veut réellement pas faire mal à la richesse, et que ceux qui parlent de l’impôt progressif ne s’en servent que comme d’un joujou fiscal ? On parlait d’équité, de justice, de morale, et nous aboutissons à une aumône. Avais-je tort de m’écrier : Hypocrisie ?