« La propriété, tant mobilière qu’immobilière, de chaque citoyen était évaluée en argent. Une portion de cette fortune, qui s’élevait au 5e seulement pour la catégorie la plus riche, et qui allait en décroissant suivant les diverses classes et dans des proportions qui nous sont restées inconnues, constituait le cens ou capital imposable. C’est sur cette valeur que l’impôt était assis dans une proportion simultanément uniforme, mais variable suivant les temps et les divers besoins de l’État. Il semble du reste qu’on en usa toujours comme d’une mesure extraordinaire, et environnée de quelques répugnances.
« Cet impôt offrait, dans les moyens de contrôle dont il était environné, quelques particularités empreintes d’une âpreté étrange pour nos mœurs modernes.
« Les particuliers faisaient eux-mêmes, pour l’établissement du cadastre, des déclarations soumises à vérification. Il paraît que, dans l’origine, la vanité portait plutôt les citoyens à enfler qu’à réduire ces renseignements sur leur fortune ; plus tard, au contraire, ils les réduisaient à l’envi. Pour combattre la fraude, on eut alors recours aux moyens suivants, dont on ne saurait nier l’énergie. Le contribuable inscrit dans une classe trop élevée relativement à celle dans laquelle un autre citoyen se trouvait rangé, fut investi du droit de rejeter sa taxe sur celui qu’il croyait plus capable de la supporter, ou de demander contre lui, au refus de cette substitution, l’échange de leurs biens respectifs,