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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/247

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que pour l’État. Pour qu’il restât quelque chose aux rentiers, capitalistes, propriétaires et bénéficiaires, sur lesquels la tendance générale est de rejeter l’impôt, il faudrait, dans l’hypothèse sur laquelle nous avons raisonné en faisant la critique de la proportionnalité, commencer par décréter que le minimum de revenu par famille de quatre personnes, réputé nécessaire, par conséquent inaccessible à l’impôt, sera, non pas de 875 fr., mais, par exemple, de 675 : opération qui, sur neuf millions de familles laissant chacune un disponible de 200 fr., formerait une somme de 1, 800 millions à partager entre lesdits rentiers, capitalistes, propriétaires et bénéficiaires, auxquels la charge de l’impôt serait censée incomber exclusivement.

Mais c’est encore là une de ces déclarations qu’un gouvernement ne fera jamais. Il est de ces vérités qui tueraient un État, le jour même où elles seraient par lui officiellement proclamées. Comment concevoir qu’une assemblée nationale, représentant le peuple souverain, s’en vienne dire à cette multitude de salariés, ses mandataires, qu’ils ont trop pour vivre de 875 fr. par famille ; qu’un minimum de 675 est suffisant, en autres termes qu’une consommation de 60 cent, par jour et par personne serait pour eux de la bombance, et que l’intérêt de la société, la morale publique, les exigences de l’impôt, par-dessus tout le bien-être et la dignité de cette classe précieuse des rentiers, capitalistes, propriétaires, entrepreneurs, etc., qui leur fournissent du travail, exigent qu’on réduise cette consommation moyenne, affranchie de toute taxe,