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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/248

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de 60 cent, à 46, ce qui permettra de distribuer au million de familles aristocratiques un reliquat de 1,800 millions ?

Ce sont là de ces choses sur lesquelles tout gouvernement, à moins qu’il n’ait pour règle absolue la justice, pour but unique le bien-être et l’émancipation des classes travailleuses, est forcé de se taire et au besoin d’imposer le silence ; il y en a même sur lesquelles les plus honnêtes se croient obligés de mentir, ainsi qu’on l’a su pratiquer en tous pays depuis un temps immémorial.

En résumé, de quelque manière qu’on s’y prenne avec l’impôt sur le revenu, qu’on l’établisse sur le brut ou qu’on le mette sur le net ; qu’on fasse usage de la progression ou qu’on s’en tienne à la proportionnalité, on obtient zéro de résultat. C’est toujours sur la masse que l’impôt se trouve rejeté ; c’est toujours la consommation qui le paye, et parmi les consommateurs ce sont en général les productifs qui supportent la très-grande part de la charge. On peut varier la méthode, comme lorsqu’au lieu d’un octroi on établira une contribution locative, personnelle et mobilière ; ou bien, lorsqu’au lieu d’établir l’impôt sur la terre à l’aide d’un cadastre, on l’établira sur le capital à l’aide des déclarations et de l’enregistrement. La perception pourra devenir plus ou moins incommode, vexatoire et coûteuse ; en dernière analyse, l’inégalité des fortunes n’existant pas pour le fisc, qui ne connaît et ne peut connaître que des matières à imposer, non des propriétaires ; les fonctions indus-