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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/264

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contrainte. Dans ces conditions l’homme, condamné pour ainsi dire au travail forcé, doit rendre à ses maîtres, à ses dieux, tout ce qu’il produit, moins ce qui lui est absolument indispensable pour ne pas succomber d’inanition.

À mesure que son éducation avance, le travailleur, ou pour parler le langage antique, l’esclave (T), obtient et plus de liberté et plus de bien-être. Enfin, l’heure de son émancipation approche ; le travailleur est proclamé citoyen, tous déclarés égaux devant le fisc comme devant la loi. L’État enfin, jusqu’alors souverain absolu, est balancé par une puissance rivale, la liberté, avec laquelle il devra désormais entrer en compte perpétuel. L’intermédiaire ou l’instrument de cette transaction sans fin entre la liberté et l’État est le fisc, autrement dit l’impôt.

Il suit de là : 1o que les services de l’État, jadis fonctions sacrées, sont maintenant matière échangeable, c’est-à-dire d’ordre économique ; qu’ils doivent être reproductifs d’utilité, soit directement et par eux-mêmes, soit indirectement, par la protection qu’ils assurent au travail et à la propriété, et par l’exécution des lois ; — 2o que l’État n’a pas de lui-même le droit d’imposer ses services, ni quant à l’espèce, ni quant à l’étendue, mais qu’il doit attendre qu’ils lui soient demandés : d’où ce principe de notre droit public que l’impôt est consenti et voté, par chapitres et articles, dans l’assemblée de la nation ; 3o que l’impôt doit être acquitté par l’universalité des citoyens ex aequo, sous forme de capitation, prestation ou contri-