Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/301

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terdisent à l’État de s’occuper, de quelque manière que ce soit, du crédit public, et par suite de l’organisation des banques, des conditions de l’escompte et du taux de l’argent. Ces rigoristes de la liberté m’ont toujours paru la confondre avec l’arbitraire, non plus, il est vrai, avec l’arbitraire gouvernemental, mais avec l’arbitraire mercantile et industriel, qui certes ne vaut pas mieux.

Nous, dont la tendance doit être de proscrire l’arbitraire de partout, aussi bien de l’économie politique que de la politique ; nous, pour qui l’arbitraire économique est synonyme d’abus de la propriété, d’exploitation de l’homme par l’homme, d’usure, d’agiotage, d’aliénation du domaine public, de sacrifice des intérêts généraux, nous devons soutenir que, s’il n’y a nul inconvénient à laisser libre le commerce de banque, il n’importe pas moins que l’État s’en mêle, dans une mesure que j’essayerai d’indiquer.

Qu’appelle-t-on billet de banque ?

Une obligation à vue, gagée, d’abord sur l’encaisse du banquier, en second lieu sur la lettre de change de l’escompteur, en dernier lieu sur la confiance publique. Comme il est démontré que l’exploitation de la confiance publique est chose éminemment productive, puisque avec dix millions de capital en numéraire on peut opérer, à l’aide du papier de crédit, comme si l’on disposait de trente à quarante millions, il arrive que les banquiers, tantôt se faisant concurrence et plus souvent se mettant d’accord, la confiance publique, exploitée de partout, n’a de garantie