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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/37

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travail ; sa forme générale, la spoliation du travailleur : on conçoit que son assiette variât à l’infini. Tout ce qui était bon à prendre était matière imposable, exigible, soit en nature, soit en argent. Il y avait donc des impôts sur toutes choses : sur la terre, sur les récoltes, sur le bétail, sur le gibier, le poisson, la volaille ; sur le travail, sur la circulation, sur la mouture, sur le four à cuire, sur la naissance, sur la mort, sur le mariage. De ce dernier est sorti le droit de cuissage, dont on a essayé de rire, mais qu’il n’est pas possible de révoquer en doute aujourd’hui. Je ne m’arrêterai point à faire la description de chacun de ces impôts, dont les plus vexatoires, demeurés célèbres sous le nom de droits féodaux, sont tombés en 1789 sous la réprobation de leurs propres titulaires. Qu’il me suffise de remarquer pour le moment que le principe de la multiplicité de l’impôt est sorti de la pratique, je devrais dire de l’iniquité féodale. Si ce n’est pas une raison de le rejeter, c’en est une au moins de l’examiner sévèrement.

Après l’assiette et la multiplicité de l’impôt, il est un autre point de vue sous lequel nous aurons à le considérer, celui de la perception. Que nous enseigne à cet égard le droit divin ?

La perception des taxes absorbait le plus clair des revenus publics. C’était tout simple : l’impôt n’était pas seulement, à cette époque, le revenu de l’État, c’était le revenu du roi, des seigneurs, des anoblis et de leurs créatures. — « Plus de dix mille droits, dit Mallet dans ses Comptes rendus des finances, compo-