Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/38

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sent aujourd’hui les revenus de la couronne, et plus de soixante mille personnes sont employées à la régie et à la conservation de ces droits. Rien de plus arbitraire et de plus injuste dans l’imposition et le recouvrement de la taille, depuis que la répartition et la levée s’en font par les intendants, leurs subdélégués, les receveurs en titre et autres officiers du roi. C’est ce qui a causé l’inégalité des contributions, les frais multipliés, les vexations et la ruine des meilleurs sujets. »

L’on voit apparaître ici pour la première fois un mot d’une grande portée et qui nous conduira loin, l’égalité des contributions. Dans la rigueur du système théocratique et féodal, l’égalité des contributions est un non-sens. Le serf devant rendre tout ce qui dépasse son nécessaire, et même payer quelque chose de ce nécessaire, il est clair que personne n’a à se plaindre de l’inégalité. Celui qui a plus donne plus, celui qui a moins donne moins : pourvu qu’on ne lui demande que ce qu’il a, il n’a rien à dire. L’égalité est une expression malsonnante : elle suppose un droit, et devant son seigneur et maître le droit du serviteur n’existe pas. Mallet, son langage seul le ferait deviner, quand même il n’aurait pas mis de date à son livre, écrivait à la veille de la révolution.

Vauban, dans son projet de Dîme royale, motive sur des abus de ce genre les réformes qu’il propose : « Tous ceux qui savent pêcher en eau trouble et s’accommoder aux dépens du roi et du public n’approuveront point un système incorruptible qui doit