Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/39

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couper par la racine toutes les pilleries et malfaçons qui s’exercent dans le royaume, dans la levée des revenus de l’État. » — Du temps de Vauban les idées n’étaient pas mûres, la misère du peuple ne criait pas vengeance, soit qu’elle ne fût pas suffisamment sentie, soit plutôt que le peuple n’eût pas acquis, à un assez haut degré, la conscience de ses droits. Des esprits prompts, tels que Vauban, Fénelon, Racine, devançant leurs contemporains d’un siècle, étaient presque des perturbateurs de la tranquillité publique. Louis XIV le leur fit bien voir.

La perception de l’impôt au plus bas prix possible est un principe en contradiction directe avec l’esprit féodal : il y avait toute une révolution dans ce seul mot.

Même observation sur la défense des revenus de l’État.

L’emploi des fonds, comme la quotité et la répartition, est à la volonté des seigneurs et des princes. Toutes les assemblées d’États généraux réclament que les subsides votés par elles ne soient pas détournés de leur affectation. Aux États tenus sous Louis XIII, La Barillière se permet de dire que François Ier, au lieu de penser à construire des vaisseaux pour se rendre le dominateur des mers, avait fait bâtir aux portes de Paris le modèle de sa prison de Madrid. Henri III dépense quatre millions de livres pour les noces de son favori Joyeuse. Mazarin dote sa famille sur le budget, et se fait à lui-même une fortune de trois cents millions de francs, monnaie actuelle. Louis XIV fait bâtir par Mansard, pour Mme de Montespan, le château de