Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/50

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la sûreté et qui se résument dans ce mot : la Force. Dès lors, la Révolution, la liberté, le progrès des masses ne sont que verbiage : 1789 a menti ; il faut revenir purement et simplement aux vieilles mœurs. C’est pourtant le même M. de Girardin qui a pris pour devise la Liberté ; mais ni lui ni ses lecteurs n’y regardent de si près. Pourvu qu’on les amuse tous les quinze jours de quelque nouveau sophisme, ils sont contents.

Que veut dire M. de Girardin par ces mots : risque de révolution ? Entend-il le dégât causé aux propriétés dans une émeute ? Non, sa pensée n’a pas une portée aussi étroite. Le risque de révolution, c’est le risque de la rente, du monopole, du capital, tels qu’ils sont constitués. Le risque de révolution, c’était, en 1789, l’abolition des droits féodaux et la reprise des biens du clergé ; en 1847, le suffrage universel ; en 1852, la conversion du 5 en 4 et demi ; ce sera demain la reprise des chemins de fer et des divers services publics, indûment aliénés. Le risque de révolution, en Russie, c’est l’émancipation des serfs ; c’est, à Rome, l’abolition du pouvoir temporel des papes…

Je repousse cette théorie de l’Impôt-Assurance comme offensante pour l’espèce humaine, surtout pour le peuple, comme tendant à restaurer le droit divin, et partant immorale. L’assurance contre les sinistres provenant du hasard et de la force majeure des éléments peut former, comme la viabilité et la banque, une branche du service public : entendue au sens de M. de Girardin, ce serait une nouvelle in-