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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/58

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veut être étudiée pour elle-même, et il est bien que ceux qui vivent en république sachent ce qu’ils auraient à gagner ou à perdre s’ils cessaient d’être républicains.

Pour se procurer de l’argent, en sus de l’allocation normale, on voit donc le pouvoir, ses ministres, ses agents, à tous les degrés de l’échelle, fidèles au principe de la rémunération honorifique, de l’extorsion féodale, employer tous les subterfuges, tous les prétextes. Tantôt on exagère les traitements, tantôt on les cumule. Le ministre d’un grand empire, tel que la France, ne serait pas dignement rémunéré s’il était mis au même taux que celui d’un petit État comme la Belgique. Majesté et parcimonie ne vont point ensemble. La gloire d’un État doit être en raison de sa grandeur ; les appointements des hauts fonctionnaires, de même que la liste civile du prince, en raison par conséquent, non pas du service, mais de la population. Tandis que les ministres du roi Léopold reçoivent 20,000 fr. de traitement, ceux de l’empereur des Français en auront 100,000. Que dirait-on d’un cordonnier de Valenciennes qui prétendrait se faire payer 20 fr. une paire d’escarpins, attendu qu’il fait partie de la grande nation, tandis que le même article est offert à 6 fr. par le cordonnier de Quiévrain ? Mais la politique, comme autrefois la religion, a le privilége de changer le rapport des choses. Et cela semble si naturel que personne n’y trouve à redire. On trouve tout simple, en France, que le budget, qui en bonne économie publique et d’après les principes de 89 devrait rester proportionnel à la population, croisse, au