Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/62

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faut que ces services répondent à des besoins réels, que l’intérêt public les réclame ; en termes techniques, qu’ils soient reproductifs d’utilité.

Tout pouvoir tend à se distinguer de la nation qu’il représente, comme s’il formait un parti extérieur et supérieur au pays même. Constitué, soit en aristocratie, soit en dynastie, il regarde comme indispensables à son autorité une foule de dépenses qui sont loin d’avoir pour la nation la même utilité. Il lui faut une police, une milice, des créatures, tout un monde à lui, capable de le défendre au besoin contre l’insurgence populaire. Puis il a ses vues de politique ambitieuse, qui sont loin d’être conformes au bien de la nation, mais auxquelles il s’efforce d’intéresser la nation par la vanité, par de folles espérances, sinon par le positivisme des profits. Pour entretenir ces armées de fonctionnaires et de soldats, pour solder toutes ces entreprises, il faut au pouvoir de l’argent, beaucoup d’argent : l’expérience prouve que, chez toutes les nations, les demandes d’argent dépassant chaque année les allocations, celles-ci les recettes, il y a augmentation incessante de l’impôt, formation d’une dette que l’institution de l’amortissement ne sert elle-même qu’à accroître, finalement progrès du déficit.

Il s’agit donc, pour contenir le fisc, de reconnaître quand et comment, à quelle condition, une dépense d’État peut être dite reproductive d’utilité. C’est à quoi satisfait la règle suivante, laquelle est sans exception : Tout produit ou service doit, à peine de se liquider en