Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/73

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si parfaitement unies, si démonstratives, si décisives jusqu’à présent, ne nous disent plus rien.

Qu’est-ce que l’impôt en soi, et que doit-il être ? Cette question tout objective, en dehors de la liberté, de la personnalité, en un mot, de la subjectivité humaine, se posait devant nous comme une simple question de droit, un problème d’algèbre immédiatement résoluble par les voies ordinaires de la démonstration juridique et mathématique. Maintenant c’est l’arbitraire humain qui est en jeu et qui, échappant à toute règle, va faire trembler la raison.

Qui a le droit d’établir l’impôt ?

Sur qui, sur quoi doit-il être perçu ?

De quelle manière s’en fera le versement ?

Quelle en sera l’importance ?

Ces questions, qu’aucune subtilité ne saurait écarter, sont au nombre des plus ardues que présente l’économie sociale. Ce sont de ces questions que tout le monde pose, mais auxquelles on ne répond guère : on se contente d’en préjuger la solution.

Sous le régime du droit divin, la réponse n’offrait rien de difficile. L’homme était courbé devant l’omnipotence du souverain : celui-ci n’avait qu’à parler, il était obéi. On ne lui demandait pas compte de ses motifs : déterminé qu’il était par sa raison, par son équité, par son intérêt, par l’esprit de sa nation, par sa propre gloire, le souverain était censé sage dans ses décisions et infaillible.

Ainsi, à la première question : Qui a le droit d’établir l’impôt ? on répondait sans hésiter : Le souverain,