Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/79

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été de déguiser le privilége et d’élargir le cercle des privilégiés. Quant à la plèbe, sa condition est restée la même. C’est toujours sur elle, et presque rien que sur elle, que, dans des pays comme la France, l’Angleterre, la Belgique, à plus forte raison en Russie, en Autriche et en Allemagne, l’impôt se trouve rejeté. Il n’est même pas possible, dans les conditions économiques de la société actuelle, qu’il en soit autrement.

L’absolutisme serait-il donc le vrai système de gouvernement, et la féodalité, le type le plus parfait de l’ordre social ? Aurions-nous été dupes d’un esprit de mensonge, quand nous avons acclamé et suivi la Révolution ?

Il est inutile de prolonger le parallèle. L’argent est plus que jamais le dieu des nations : c’est pourquoi l’impôt, sur quelque nature de bien, de propriété ou de consommation qu’il soit assis, est aujourd’hui exigible exclusivement en argent. Le gouffre fiscal est plus profond, plus avide qu’on ne l’avait vu aux beaux temps des monarchies et des aristocraties de droit divin ; c’est pourquoi la maxime : Faire rendre à l’impôt tout ce qu’il peut donner, est une maxime essentiellement moderne. Rigueur dans la perception, élévation des taxes au maximum de rendement, voilà la règle. Les gouvernements de droit démocratique ont tant de charme ! le droit divin leur a laissé tant à faire ! Hypocrites que nous sommes ! ne blasphémons-nous pas ce que nous avons cessé de comprendre, et qui n’était peut-être pas aussi terrible qu’il en avait l’air, l’absolutisme ?… C’est la question que ne peut s’empêcher