Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/78

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Aujourd’hui, soixante ans après la liquidation révolutionnaire, qui rendit l’administration du premier consul si facile en lui faisant la place nette, la France est dans une situation pire qu’en 1789. À l’ouverture des États généraux, la dette nationale était d’environ trois milliards ; depuis le commencement de ce siècle, et malgré la liquidation Ramel, elle a presque triplé. Il est visible que, depuis la mort de l’ancien régime, rois, empereurs, représentants du peuple, n’ont cessé de jouer à l’absolutisme ; il a suffi pour cela d’apprendre au peuple à dire comme Louis XIV : Le souverain, l’État, c’est moi !… Comment donc, allez-vous dire, comment faire avec le principe de la souveraineté du peuple, pour échapper à l’absolutisme ? Peut-on séparer la souveraineté de l’absolu ? La souveraineté du peuple et l’absolutisme ne seraient-ils point par hasard une seule et même chose ? Questions dangereuses sur lesquelles je conseille à tout publiciste ami de son repos de passer vite. Revenons à l’impôt.

Sur la seconde question : Sur qui doit peser l’impôt ? l’ancien régime avait répondu avec franchise : Sur la vile plèbe. — Sur tout le monde, répondit fièrement le nouveau régime ; — les pauvres exceptés, ajoutèrent même les philanthropes.

On ne pouvait mieux dire. Mais, étrange déception ! en répartissant l’impôt sur toutes les classes de citoyens, sur toutes les conditions, sur toutes les fortunes, sur toutes les industries, sans privilége ni pour le noble, ni pour le prêtre, ni pour les corporations, il s’est trouvé qu’on n’avait abouti qu’à une chose : ç’a