Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/83

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raison du citoyen, toujours plus ou moins spécialiste et particulière (E). Pareillement, l’intérêt d’État s’est purgé de toute prétention aristocratique et dynastique ; l’intérêt d’État est avant tout un intérêt de droit élevé, ce qui implique que sa nature est autre que celle de l’intérêt individuel.

L’auteur du Contrat social a beau prétendre, et ceux qui le suivent ont beau répéter après lui, que le vrai souverain, c’est le citoyen ; que le prince, organe de l’État, n’est que le mandataire du citoyen ; conséquemment que l’État est la chose du citoyen : tout cela pouvait être bon à dire lorsqu’il s’agissait de revendiquer les droits de l’homme et du citoyen et d’inaugurer la liberté contre le despotisme. Actuellement la Révolution ne rencontre plus d’obstacle, au moins du côté de l’ancien régime : il s’agit de connaître au juste sa pensée et de la mettre à exécution. À ce point de vue le langage de Rousseau est devenu incorrect, je dirai même qu’il est faux et dangereux.


Détermination des fonctions, attributs et prérogatives de l’État,
d’après le droit moderne.


L’État, puissance de collectivité, ayant sa raison propre et spécifique, son intérêt éminent, ses fonctions hors ligne, l’État, comme tel, a des droits aussi, droits qu’il est impossible de méconnaître sans mettre aussitôt en péril le droit, la fortune et la liberté des citoyens eux-mêmes.