Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/84

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L’État est le protecteur de la liberté et de la propriété des citoyens, non-seulement de ceux qui sont nés, mais de ceux qui sont à naître. Sa tutelle embrasse le présent et l’avenir et s’étend sur les générations futures : l’État a donc des droits proportionnés à ses obligations ; sans cela de quoi lui servirait la prévoyance ?

L’État surveille l’exécution des lois ; il est le gardien de la foi publique et le garant de l’observation des contrats. Ces attributions impliquent dans l’État de nouveaux droits, aussi bien sur les personnes que sur les choses, et qu’on ne pourrait lui dénier sans le détruire, sans briser le lien social.

L’État est le justicier par excellence ; lui seul est chargé de l’exécution des jugements. De ce chef encore, l’État a des droits, sans lesquels sa propre garantie, sa justice, deviendrait nulle.

Tout cela, dira-t-on, existait autrefois dans l’État. Le principe donc et les corollaires, la théorie et l’application restant au fond les mêmes, rien n’a changé : la Révolution a été une œuvre inutile.

Il y a ceci de changé entre l’ancien et le nouveau régime, qu’autrefois l’État s’incarnait en un homme : « L’État c’est moi ; » tandis qu’aujourd’hui il trouve sa réalité en lui-même, comme puissance de collectivité ; — qu’autrefois, cet État fait homme, cet État-Roi était absolu, tandis que maintenant il est soumis à justice, soumis par conséquent au contrôle des citoyens ; — qu’autrefois la raison d’État était infectée par la raison aristocratique et princière, tandis qu’aujourd’hui,