Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/101

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synonyme du plus abominable despotisme.

Le prince donc, chef de l’État, ayant reçut de Dieu la terre, la possédant en toute souveraineté, et en disposant selon sa prudence et son plaisir, la distribuait ensuite à ses guerriers, chefs de famille ; on devine qu’il n’avait reçu son investiture que pour cela. A quelles conditions la terre était-elle sous-cédée par le chef à ses compagnons ? C’est ici qu’il convient d’étudier de près ce système de possession, système qui, dans ses termes, n’offre aucune prise à la critique, et qu’on peut regarder comme l’expression la plus pure de la jurisprudence individuelle.

Puisque la terre appartient originairement à Dieu, qui l’a donnée, et que c’est de lui que l’a reçue la communauté, sans exclusion ni acception de personnes, et puisque le partage n’a lieu qu’en vite d’assurer la liberté et la responsabilité de chacun, et de prévenir la promiscuité des familles, il s’ensuit que le domaine éminent de cette terre, ou, comme nous disons aujourd’hui, la propriété, reste à l’État, et que ce qui passe au chef de famille n’est autre chose qu’une faculté d’exploitation et une garantie d’usufruit ; qu’ainsi la portion de terre délivrée à chaque citoyen ne peut être par celui-ci vendue et aliénée, comme il fait des produits de sa culture et du croît de son bétail ; que s’il ne petit aliéner et vendre, il ne peut pas davantage diviser son lot, ni le dénaturer et le perdre ; il doit au contraire le faire valoir en bon père de famille, l’expression est demeurée dans la langue ; en sorte que, tout en tirant de son fonds le parti le plus avantageux