Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/144

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transcendantales. Ceci est affaire de pure logique, et puisque la Raison collective, notre souveraine à tous, ne s’est point effarouchée de l’absolutisme propriétaire, pourquoi la vôtre s’en scandaliserait-elle plus ? Auriez-vous honte, par hasard, de votre propre moi ? Certains esprits, par excès de puritanisme, ou plutôt par faiblesse de compréhension, ont posé l’individualisme comme l’antithèse de la pensée révolutionnaire : c’était tout bonnement chasser de la république le citoyen et l’homme. Soyons moins timides. La nature a fait l’homme personnel, ce qui veut dire insoumis ; la société à son tour, sans doute afin de ne pas demeurer en reste, a institué la propriété ; pour achever la triade, puisque, selon Pierre Leroux, toute vérité se manifeste en trois termes, l’homme, sujet rebelle et égoïste, s’est voué à toutes les fantaisies de son libre arbitre. C’est avec ces trois grands ennemis, la Révolte, l’Égoïsme et le Bon plaisir que nous avons à vivre ; c’est sur leurs épaules, comme sur le dos de trois cariatides, que nous allons élever le temple de la Justice.

Tous les abus dont la propriété peut se rendre coupable, et ils sont aussi nombreux que profonds, peuvent se ramener à trois catégories, selon le point de vue d’où l’on considère la propriété : abus politiques, abus économiques, abus moraux. Nous allons examiner l’une après l’autre ces différentes catégories d’abus, et, concluant à mesure, nous en déduirons les FINS de la propriété, en autres termes sa fonction et sa destinée sociale.