Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/145

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§ 1.- Nécessité, après avoir organisé l’État, de créer à l’État un contre-poids dans la liberté de chaque citoyen. Caractère fédéraliste et républicain de la propriété. Observations sur le cens électoral et la confiscation.

Considérée dans ses tendances politiques et ses rapports avec l’État, la propriété incline à se faire du gouvernement un instrument d’exploitation, rien de moins, rien de plus.,

En ce qui touche le système du pouvoir, monarchique, démocratique, aristocratique, constitutionnel ou despotique, la propriété est de sa nature parfaitement indifférente : ce qu’elle veut, c’est que l’État, la chose publique soit sa chose ; que le gouvernement marche par elle et pour elle, à son plaisir et bénéfice. Le surplus, division des pouvoirs, proportionnalité de l’impôt, éducation des masses, respect de la Justice, etc., lui importe peu. Avant tout, que le gouvernement soit sa créature et son esclave, sinon il périra. Aucune puissance ne tient devant elle ; aucune dynastie n’est sacrée, aucune constitution inviolable. De deux choses l’une : il faut que la propriété règne et gouverne à sa guise, sinon elle se déclare anarchique, régicide.

Romulus, premier auteur du partage foncier, fondateur du domaine quiritaire, est enlevé par les patriciens : ce fut sa faute. Pourquoi, s’il voulait subordonner l’aristocratie à son pouvoir, la rendait-il indépendante, lui donnait-il une force supérieure, en conférant