Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/153

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Généralement, là où l’État n’est pas sorti de la conquête, comme en France après l’invasion des Barbares, c’est l’absolutisme de l’État qui se pose le premier : le droit divin sort du patriarcat. C’est du ciel qu’est venu le pacte social ; c’est Dieu qui a institué le sacerdoce et la royauté c’est à ses vicaires que tout doit aboutir. La dépendance de l’homme, la hiérarchie de la société, l’attribution au prince exclusivement du domaine éminent, est un résultat de cette conception. De là une première forme d’appropriation célèbre sous le nom de propriété féodale ou fief, par la constitution que lui a donnée l’Église au moyen âge.


Les caractères fondamentaux de cette forme de propriété sont :

 
1. La dépendance (toute terre appartient au roi, à l’empereur) ;
2. La primogéniture ;
3. L’immobilisation ou inaliénabilité ;
4. Par suite, la tendance à l’inégalité.


C’est de cette conception que naissent ultérieurement, au point de vue de l’exploitation terrienne et de l’impôt : l’emphytéose, le bail à ferme et à cheptel, la corvée, la dîme, la main-morte et toutes les redevances seigneuriales, le servage.

Cette forme de propriété emporte avec elle une forme spéciale d’organisation politique, la hiérarchie des classes et des rangs, en un mot tout le système du droit féodal.

Mais bientôt l’absolutisme propriétaire réagit contre