Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/169

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et par suite son droit, doivent être cherchés dans ses abus, chacun comprend qu’en exprimant de la sorte je n’entends en aucune façon.glorifier l’abus, mauvais en soi, et que tout le monde voudrait abolir. Je veux dire que la propriété étant absolue, inconditionnée, partant indéfinissable, on ne peut en connaître la destination, si elle en a une, la fonction, s’il est vrai qu’elle fasse partie de l’organisme social, que par l’étude de ses abus, sauf à rechercher ensuite, — la fonction de la propriété une fois - connue et le droit prouvé par le but de l’institution, comment on pourra triompher de l’abus même.

La propriété est abusive, au point de vite économique, en ce que non-seulement elle est un objet d’accaparement, ainsi que nous l’avons vu tout à l’heure, ce qui tend à priver une multitude de citoyens de leur légitime ; mais en ce qu’elle peut se morceler et s’émietter : ce qui cause à l’agriculture un préjudice grave. Je crois me souvenir qu’en France les millions d’hectares de terres labourables, dans lesquels ne se trouvent compris par conséquent ni bois, ni prés, ni vignes, ni potagers, etc., et qui forment près de la moitié du territoire, sont divisés en 290 ou 300 millions de parcelles : ce qui porte la moyenne de ces divisions à moins d’un dixième d’hectare, soit un carré de trente mètres de côté. Il y en a de beaucoup plus petites. On conçoit le préjudice causé à la nation par ce morcellement, Fourier estimait que la superficie normale d’une exploitation agricole, assortie des l’industries de première nécessité qu’elle comporte, et disposant