Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/218

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humaine, le pivot de la société et le monument de la sagesse législative, n’était autre chose, au fond, que l’acte souverain de notre égoïsme, la manifestation solennelle de notre concupiscence, le rêve d’une nature perverse, avare, insociale, qui veut tout pour soi, s’arroge ce qu’elle n’a pas produit, exige qu’on lui rende plus qu’elle n’a prêté, se fait centre du monde, méprisant Dieu et les hommes pourvu qu’elle jouisse ! Oh ! le christianisme, à qui l’on ne fera pas le procès sans doute, a bien jugé la propriété ; il l’a exclue du royaume des cieux : « Ceux-là seuls, a-t-il dit, parmi les propriétaires seront sauvés, qui pratiquent le détachement du cœur, et sont plutôt les gardiens et les dispensateurs de leur fortune que ses consommateurs. Beati pauperes spiritu, quoniam ipsorium est regnum cœlorum.

Que le lecteur me permette ici de m’interrompre. Cette critique était-elle fondée, oui ou non ? Ai-je sujet de la regretter et de m’en dédire ? Et la théorie de la propriété que je publie à cette heure serait-elle considérée par hasard comme une rétractation ?… On va voir qu’il n’en est rien.

La critique faite, il fallait conclure. En même temps que je prononçais, en vertu de mon analyse, la condamnation de la propriété, telle qu’elle s’est produite, dans le droit romain, et dans le droit français, et dans l’économie politique, et dans l’histoire, je repoussais, en termes non moins énergiques, l’hypothèse contraire, la communauté. Cette exclusion du communisme est consignée dans mon premier Mémoire