vœu, resté jusqu’ici à l’état de spéculation pure, mais qui n’a jamais pu se réaliser dans la pratique : elle met le crédit à la portée de tout le monde, même des simples ouvriers, qui, chaque jour, pourront apporter le fruit de leur travail, exposer leurs inventions et leurs chefs-d’œuvre, et emporter en échange la matière première nécessaire à leur travail du lendemain.
Pour bien se rendre compte de la nature de cette opération, dont l’importance égale la délicatesse, il faut se rappeler dans quelles limites agit la Société.
La Société de l’Exposition perpétuelle, avons-nous dit, est un établissement de commission ; à ce titre, elle s’interdit toute espèce de trafic et d’industrie pour son propre compte ; elle n’est qu’un intermédiaire.
D’après ce principe, elle s’interdit la commandite : puisque, en commanditant une industrie quelconque, elle prendrait, de fait, parti pour un de ses actionnaires adhérents contre tous les autres ; elle se créerait un intérêt particulier, en dehors de l’intérêt public qu’elle représente.
Sous ce rapport, elle ne peut donc ni ne doit se faire agent, instigatrice d’aucune entreprise, d’aucune société ouvrière ; prendre parti pour une classe de la société contre l’autre ; attiser la guerre sociale, que son but est d’éteindre. Elle ne peut s’arroger une initiative qui n’est point dans sa nature : elle sortirait de ses attributions et de son caractère, et mériterait l’animadversion du pays et du gouvernement. Une société comme celle qu’il s’agit de fonder, qui, dans l’état actuel des choses, se livrerait à de pareilles manœuvres, devrait être immédiatement dissoute : elle serait une peste pour le pays et pour l’État.
Mais autant la Société doit se tenir en dehors de l’action industrielle et de la lutte des producteurs, autant il lui appartient de soutenir cette lutte, de la régler, de l’organiser, si l’on peut ainsi dire, d’en assurer la loyauté et la fécondité. La Société est ici juge du camp : si elle n’entre pas dans l’arène, elle soutient, elle protège les combat-