Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans cette supposition, je n’hésite pas à reconnaître que, postérieurement au travail, le droit personnel de possession sur la forme entraîne un droit personnel de possession sur la matière façonnée. Mais, la supposition est-elle d’accord avec les faits ?

Là où la terre ne manque à personne, là où chacun peut en trouver gratuitement à sa convenance, j’admets le droit exclusif du premier occupant ; mais je ne l’admets qu’à titre provisoire. Dès que les conditions sont changées, je n’admets plus que l’égalité du partage. Sinon, je dis qu’il y a abus. J’accorde bien qu’alors celui qui a défriché a droit à une indemnité pour son travail. Mais ce que je n’accorde pas, c’est, en ce qui touche le sol, que la façon donnée implique l’appropriation du fonds. Et, il importe de le faire remarquer, les propriétaires ne l’accordent pas plus que moi. Est-ce qu’ils reconnaissent à leurs fermiers un droit de propriété sur les terres que ceux-ci ont défrichées ou améliorées ?…

En bonne justice, disais-je dans mon premier mémoire, le partage égal de la terre ne doit pas seulement exister au point de départ ; il faut, pour qu’il n’y ait pas abus, qu’il soit maintenu de génération en génération. Voilà pour les travailleurs des industries extractives. Quant aux autres industriels, dont à égalité de travail les salaires doivent être égaux à ceux des premiers, il faut que, sans occuper la terre, ils aient la jouissance gratuite des matières dont ils ont besoin dans leurs industries ; il faut qu’en payant avec leur propre travail, ou, si l’on aime mieux, avec