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Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/31

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de sa force. « M. Blanqui, disais-je en réponse à la lettre que cet estimable économiste venait de m’adresser, reconnaît qu’il y a dans la propriété une foule d’abus et d’odieux abus ; de mon côté, j’appelle exclusivement propriété la somme de ces abus. Pour l’un comme pour l’autre, la propriété est un polygone dont il faut abattre les angles ; mais, l’opération faite, M. Blanqui soutient que la figure sera toujours un polygone (hypothèse admise en mathématiques, bien qu’elle ne soit pas prouvée), tandis que je prétends, moi, que cette figure sera un cercle. D’honnêtes gens pourraient encore s’entendre à moins. » (Préface de la seconde édition, 1841.)

Comme travailleur, disais-je à cette époque, l’homme a incontestablement un droit personnel sur son produit. Mais en quoi consiste ce produit ? Dans la forme ou façon qu’il a donnée à la matière. Quant à cette matière elle-même, il ne l’a aucunement créée. Si donc, antérieurement à son travail, il a eu le droit de s’approprier cette matière, ce n’est pas à titre de travailleur, c’est à un autre titre. C’est ce qu’a fort bien compris Victor Cousin. Pour ce philosophe, le droit de propriété n’est pas uniquement fondé sur le droit du travail ; il est fondé tout à la fois sur ce droit et sur le droit antérieur d’occupation. — Sans doute ! Mais ce dernier droit, qui n’est pas encore celui de propriété, appartient à tous ; et quand M. Cousin reconnaît un droit de préférence au premier occupant, il suppose que les matières sont offertes à tous, qu’elles ne manquent à personne, et que chacun peut se les approprier.