Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/58

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« Le second système semble plus libéral…. J’avoue pour mon compte que je me suis longtemps arrêté à cette idée, qui fait une certaine part à la liberté, et à laquelle je ne trouvais ci reprocher aucune irrégularité de droit. Toutefois, elle ne m’a jamais complètement satisfait. J’y trouve toujours un caractère d’autocratie gouvernementale qui me déplaît ; je vois une barrière à la liberté des transactions et des héritages ; la libre disposition du sol enlevée à celui qui le cultive, et cette souveraineté précieuse, ce domaine éminent, comme disent les légistes, de l’homme sur la terre interdit au citoyen, et réservé tout entier à cet être fictif, sans génie, sans passions, sans moralité, qu’on appelle l’État. Dans cette condition, le nouvel exploitant est moins, relativement au soi, que l’ancien ; il a plus perdu qu’il n’a gagné ; il semble que la motte de terre se dresse contre lui et lui dise Tu n’es qu’un esclave du fisc ; je ne te connais pas

« Pourquoi donc le travailleur rural, le plus ancien, le plus noble de tous, serait-il ainsi découronné ? Le paysan aime la terre d’un amour sans bornes, comme dit poétiquement Michelet : ce n’est pas un colonat qu’il lui faut, un concubinage ; c’est un mariage. »

Il va sans dire qu’en raisonnant dans l’hypothèse de l’organisation du crédit gratuit à longue échéance, et en demandant alors une indemnité pour les propriétaires cultivateurs des terres de qualité inférieure, je n’entendais compenser que les différences de fertilité naturelle des terres et celles résultant de force majeure. Lorsque, par l’ouverture d’une route ou d’