Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/63

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un certain nombre de catholiques. il n’y a donc pas lieu de s’étonner du concours que j’ai reçu d’eux de 1848 à 1851.

Mes études de réforme économique dans la même période ont surtout porté sur le côté objectif de la question. Nous étions débordés par la sensiblerie fraternitaire, communautaire ; il semblait que la solution du problème du prolétariat fût simplement affaire de prédication et de propagande ; que les Juifs et les Philistins, suffisamment sermonnés, évangélisés, allaient se dessaisir spontanément, se faire nos chefs de file et nos commis pour l’organisation de l’égal-échange.

Dans mon livre de la JUSTICE, troisième étude, les Biens, j’ai repris toutes ces questions d’un point de vue plus élevé, que l’ardeur et les exigences de la polémique ne m’avaient pas laissé le temps de développer durant la période de lutte révolutionnaire. Je venais de poser un grand principe, l’immanence de la Justice dans l’humanité ; et c’est d’après ce critère que j’entendais juger toutes les institutions. Ce fut la première fois que je cherchai d’une façon quelque peu approfondie la légitimation de la propriété dans son côté subjectif, la dignité du propriétaire.

J’avais écrit en 1852 (la Révolution sociale démontrée par le coup d’État) :

« Les principes sur lesquels repose, depuis 89, la société française, disons toute société libre, principes antérieurs et supérieurs à la notion même de gouvernement, sont : 1º la propriété libre ; 2º le travail libre ; 3º la distinction naturelle, égalitaire et libre des