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Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/79

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Cette maxime (sancta sanctis) contient tout le secret de la solution. L’acte d’appropriation en lui-même, considéré objectivement, est sans droit. il ne se peut légitimer par rien. Ce n’est pas comme le salaire, qui se justifie par le TRAVAIL, comme la possession, qui se justifie par la nécessité et l’égalité des partages ; la propriété reste absolutiste et arbitraire, envahissante et égoïste. — Elle ne se légitime que par la justice du sujet même. Mais comment rendre l’homme juste ? C’est le but de l’éducation, de la civilisation, des mœurs, des arts, etc. ; c’est aussi le but des institutions politiques et économiques dont la propriété est la principale.

Pour que la propriété soit légitimée, il faut donc que l’homme se légitime lui-même ; qu’il veuille être juste ; qu’il se propose la Justice pour but, en tout et partout. Il faut qu’il Se dise, par exemple : La propriété en soi n’étant pas juste, comment la rendrai-je juste ?

D’abord, en reconnaissant à tous le même droit a l’appropriation, à l’usurpation ; 2º en réglementant l’usurpation, comme le corsaire partageant le butin entre ses compagnons ; de sorte qu’elle tende spontanément à se niveler.

Si je ne fais cela, la propriété suit sa nature : elle s’exagère pour l’un, s’annihile pour l’autre ; elle est sans mœurs, immorale.


Un mot de politique pour terminer ce préambule.

On travaille à éluder la question économique.