Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dégradations et transformations. De la raison de toutes ces choses, il ne sait pas le premier mot ; . il ne la cherche même pas. Jurisconsulte prudent, il se renferme dans un silence significatif : « L’appropriation du sol, vous dit-il, est un de ces faits contemporains de la première société, que la science est obligée d’admettre comme point de départ, mais QU’ELLE NE PEUT DISCUTER, sans courir le danger de mettre la société elle-même en question. »

Puissant philosophe qui ne veut pas qu’on discute ni le fait ni la loi, et qui ose appeler création sociale un pur arbitraire, où l’abus, la contradiction et la violence abondent, quitte à rejeter la responsabilité des désastres, tantôt sur le consentement présumé des peuples, tantôt sur les décrets de la Providence, tantôt enfin sur le cours irrésistible des révolutions et la force des choses ! Le silence sur ce qu’ils ne comprennent point et qu’il leur paraît dangereux d’approfondir - telle est en général la devise de M M. les lauréats de l’Institut.

Pour vous lecteur, à qui cette hypocrisie académique ne saurait plaire, vous, propriétaire, qui souhaitez sans doute pour la société et pour vous-même des garanties un peu plus sérieuses que, l’élégance des phrases et la force des baïonnettes, vous voulez que l’on discute, dût la société elle-même être mise en question, dussiez-vous restituer à la masse ce qu’un caprice du législateur vous aurait mal à propos adjugé. Écoutez donc ; écoutez sans crainte, et soyez convaincu. d’avance que la Vérité et la Justice récompenseront votre bon vouloir.