Aller au contenu

Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dence se trouble, baisse la tête, suppliant qu’on veuille bien ne pas l’interroger.

« La détention du sol est un fait que la force seule fait respecter, jusqu’à ce que la société prenne en main et consacre la cause du détenteur ; alors, sous l’empire de cette garantie sociale, le fait devient un DROIT ; ce droit, c’est la propriété. Le droit de propriété est une création sociale : les lois ne protègent pas seulement la propriété ; ce sont elles qui la font naître, qui la déterminent, qui lui donnent le rang et l’étendue qu’elle occupe dans les droits du citoyen. » (E. LABOULAYE. Histoire du droit de propriété ouvrage couronné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le 10 août 1838.)

Il faut observer ici que la consécration du fait n’est pas encore la propriété, puisque la détention du sol peut n’avoir pas le même caractère chez le fermier, le feudataire, le possesseur slave, l’emphytéote ou le propriétaire. Or, si la possession se comprend à merveille et comme fait et comme droit, il n’en est pas de même de la propriété, dont les motifs sont aussi inconnus de M. Laboulaye que des autres.

Aussi ne lui demandez pas en vertu de quoi le bon plaisir du législateur, ou de la société, dont il est le mandataire, a pu transformer le fait en DROIT : M. Laboulaye n’en sait rien, et vous le déclare net. Le fait posé, le droit supposé, tout cela en dix lignes, il enfile son Histoire, d’ailleurs fort intéressante, du droit de propriété ; il en raconte les vicissitudes, les contradictions, les malversations, abus, violences, iniquités ; les