couvents et chez les Moraves. Naguère, en France, la communauté était assez usitée dans certaines provinces, comme mode d’exploitation agricole : le Code civil l’a consacrée sous le nom de Société universelle de biens et de gains, et en a tracé les règles. C’est sur le principe de cette société que Cabet essaya, au Texas, de réaliser son utopie icarienne. Actuellement elle est fort rare : je ne sais pas même si l’on en citerait un seul exemple.
La possession et l’exploitation du sol par indivis, rationnelle, juste, féconde, nécessaire même, tant que la société exploitante n’excède pas les limites d’une proche parenté, — père, mère, aïeul et aïeule, enfants, beaux-fils et belles-filles, domestiques, oncles et tantes ; — est aussi solide que la famille même. En même temps qu’elle constitue pour chaque membre de la famille une communauté, elle peut être, et elle est presque toujours, vis-à-vis des étrangers, soit une propriété, soit un fief. Ce double caractère, joint a l’exploitation par la famille, est ce qui donne à l’institution la plus grande moralité et la plus grande force. Effet des contraires, que le génie social se plaît à unir, tandis que la raison individualiste ne sait le plus souvent que les mettre en discorde ! Mais dès que les familles se multiplient au sein de la communauté primitive, la divergence s’introduit, le zèle de la communauté, par suite le travail se relâche ; la société universelle de biens et de gains se change en une société de biens seulement, et tend à se rapprocher de jour en jour de la société de commerce, de la société