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Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/92

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d’assurance mutuelle ou de bienfaisance, de la simple participation ; c’est-à-dire que la communauté s’évanouit.

Ce phénomène de dégradation inévitable, que l’on a observé à toutes les époques et dans toits les pays où s’est instituée la communauté, nous met sur la voie des inconvénients, des abus et des vices propres à ce régime.

L’homme, en vertu de sa personnalité, tend à l’indépendance : est-ce de sa part une mauvaise inclination qu’il faille combattre, une perversion de la liberté, une exorbitance de l’égoïsme, qui mette en danger l’ordre social, et que doive réprimer à tout prix le législateur ? Plusieurs l’ont pensé, et l’on ne saurait douter que telle ne soit au fond la vraie doctrine chrétienne. L’esprit de subordination, d’obéissance et d’humilité peut être appelé une vertu théologale, autant que la charité et la foi. Dans ce système, qui, sous une forme ou sous une autre, est encore celui qui réunit le plus grand nombre de suffrages, l’AUTORITÉ s’impose comme loi. Son idéal, dans l’ordre politique, est le pouvoir absolu, dans l’ordre économique, la communauté. Devant le pouvoir, l’individu est zéro ; dans la communauté, il ne peut rien posséder en propre : tout est à tous, rien n’est à personne. Le sujet appartient à l’État, à la communauté, avant d’être à la famille, avant de s’appartenir à lui-même. Tel est le principe, disons mieux, tel est le dogme.

Or, remarquez ceci : l’homme étant supposé réfractaire a l’obéissance, comme il l’est en effet, il en résulte