Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/93

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que le pouvoir, que la communauté qui l’absorbe ne subsiste point par elle-même ; elle a besoin, pour se faire accepter, de raisons ou motifs qui agissent sur la volonté du sujet et qui le déterminent. Chez l’enfant, par exemple, ce sera l’amour des parents, la confiance, la docilité et l’impéritie du jeune âcre, le sentiment de la famille ; plus tard, chez l’adulte, ce sera le motif de religion, l’espoir des récompenses ou la terreur des châtiments.

Mais la déférence filiale faiblit avec l’âge. Le jour où le jeune homme songe à former à son tour une nouvelle famille, cette déférence disparaît. Chez tous les peuples, le mariage est synonyme d’émancipation ; les parents eux-mêmes y invitent leurs enfants. Chez le citoyen, laïc ou fidèle, la religion faiblit aussi, ou du moins elle se raisonne. Toute religion a son levain de protestantisme, en vertu duquel l’homme le plus pieux se lève tôt ou tard ; et dit, du ton le plus candide et avec la plus entière bonne foi : J’ai en moi l’esprit de Dieu ; l’adorateur en esprit et en vérité n’a besoin ni de prêtre, ni de temple, ni de sacrements… Quant aux considérations tirées de la force ou du salaire, elles impliquent toujours que l’autorité qui les emploie est une autorité sans principe, et que la communauté n’existe pas.

Ainsi, qu’on pense ce qu’on voudra de la rébellion humaine ; qu’on en fasse un vice de nature ou une suggestion du diable, il reste toujours que contre cette grave affection de notre humanité il n’y a pas de remède ; que l’autorité et la communauté ne peuvent justifier