Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

profession spéciale, qu’il a un domicile, une femme, des enfants, non-seulement il demande à être affranchi des lisières communistes, mais il envisage la communauté tout entière sous un aspect particulier ; il découvre dans le pouvoir des défauts, des lacunes, des branches parasites, qui n’apparaissent point aux autres ; il a une opinion, enfin, avec laquelle, bonne ou mauvaise, il faut que le gouvernement compte.

Ouvrez la porte à ce torrent de l’opinion : vous voilà emporté dans le système des États à pouvoirs séparés. Essayez de réfréner la critique universelle au contraire, vous retournez à la tyrannie ; prenez un moyen terme et faites de la politique de bascule ou de juste milieu, vous voilà dans le plus immoral et le plus lâche des machiavélismes, l’hypocrisie doctrinaire. Ici donc, comme tout à l’heure, à propos de la liberté et de la famille, vous n’avez pas le choix ; il faut, et c’est fatal, anéantir la liberté dans la caserne, faire expirer l’opinion sous la menace des baïonnettes, ou rétrograder devant la liberté, ne réservant l’autorité publique que pour les choses que le suffrage du citoyen ne peut résoudre ou ne daigne entendre.

De ce qui précède, il résulte que la terre ne petit être possédée ni exploitée, et, par analogie, aucune industrie être exercée en commun, et que, semblables aux fils de Noé après le déluge, nous sommes condamnés au partage. A quel titre posséderons nous maintenant ? c’est ce que nous examinerons plus bas.

L’idée d’appliquer la société universelle de biens et de