ne pouvez pas dire que vous ne savez pas ce que Charcot a dit à du Boulbon, etc., vous le savez puisque nous vous l’avons dit, et vos « peut-être », vos « c’est possible » ne sont pas de mise puisque c’est certain. »
Malgré cette compétence plus particulière en matière cérébrale et nerveuse, comme je savais que du Boulbon était un grand médecin, un homme supérieur, d’une intelligence inventive et profonde, je suppliai ma mère de le faire venir, et l’espoir que, par une vue juste du mal, il le guérirait peut-être, finit par l’emporter sur la crainte que nous avions, si nous appelions un consultant, d’effrayer ma grand’mère. Ce qui décida ma mère fut que, inconsciemment encouragée par Cottard, ma grand’mère ne sortait plus, ne se levait guère. Elle avait beau nous répondre par la lettre de Mme de Sévigné sur Mme de la Fayette : « On disait qu’elle était folle de ne vouloir point sortir. Je disais à ces personnes si précipitées dans leur jugement : « Mme de la Fayette n’est pas folle » et je m’en tenais là. Il a fallu qu’elle soit morte pour faire voir qu’elle avait raison de ne pas sortir. » Du Boulbon appelé donna tort, sinon à Mme de Sévigné qu’on ne lui cita pas, du moins à ma grand’mère. Au lieu de l’ausculter, tout en posant sur elle ses admirables regards où il y avait peut-être l’illusion de scruter profondément la malade, ou le désir de lui donner cette illusion, qui semblait spontanée mais devait être tenue machinale, ou de ne pas lui laisser voir qu’il pensait à tout autre chose, ou de prendre de l’empire sur elle, — il commença à parler de Bergotte.
— Ah ! je crois bien, Madame, c’est admirable ; comme vous avez raison de l’aimer ! Mais lequel de ses livres préférez-vous ? Ah ! vraiment ! Mon Dieu, c’est peut-être en effet le meilleur. C’est en tout cas son roman le mieux composé : Claire y est bien char-