Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/126

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litiques de la monarchie de Juillet tiennent dans son œuvre, où on ne peut faire un pas dans ces salons où il assemble les interlocuteurs illustres, pensant que de la discussion jaillit la lumière, sans rencontrer M. Molé, tous les Noailles possibles, qu’il respecte au point de trouver qu’il serait coupable, après deux cents ans, de citer entièrement, dans un de ses articles, le portrait de Mme de Noailles dans Saint-Simon, et qu’à côté de cela, en revanche de cela, il tonne contre les candidatures aristocratiques de l’Académie (pourtant à propos de l’élection si légitime du duc de Broglie), disant  : ces gens-là finiront par se faire nommer par leurs concierges.

Vis-à-vis de l’Académie même, son attitude est à la fois d’un ami de M. Molé, qui trouve que la candidature de Baudelaire, pourtant son grand ami, serait une plaisanterie, et qui écrit qu’il doit être déjà fier d’avoir plu aux académiciens  : «  Vous avez fait bonne impression, cela n’est-il rien  ?   », et tantôt d’un ami de Renan, qui trouve que Taine s’est humilié en soumettant ses Essais au jugement d’académiciens, qui ne peuvent le comprendre, qui tonne contre Mgr Dupanloup qui a empêché Littré d’être de l’Académie et qui dit à son secrétaire dès le premier jour  : «  Le jeudi je vais à l’Académie, mes collègues sont des gens insignifiants.  » Il fait des articles de complaisance et l’a avoué lui-même pour l’un ou l’autre, mais refuse, avec violence, de dire du bien de