Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

moire ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire d’un ciel pur « où frémit l’éternelle chaleur », mais ceux qui ne sont que des portiques

Que les soleils marins baignaient de mille feux

Le « portique ouvert sur des cieux inconnus ». Les cocotiers d’Afrique, aperçus pâles comme des fantômes.

Les cocotiers absents de la superbe Afrique
Derrière la muraille immense du brouillard…
Des cocotiers absents les fantômes épars.

Le soir, dès qu’il s’allume, et où le soleil met

Ses beaux reflets de cierge
Sur la nappe frugale et les rideaux de serge


jusqu’à l’heure où il est fait « de rose et de bleu mystique », et avec ces restes de musique qui y traînent toujours chez lui et lui ont permis de créer l’exaltation la plus délicieuse peut-être depuis La Symphonie héroïque de Beethoven :

Ces concerts riches de cuivre
Dont nos soldats parfois inondent nos jardins
Et qui par ces soirs d’or où l’on se sent revivre
Versent quelque héroïsme au cœur des citadins