Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/184

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mère (sa mère vis-à-vis de qui, tout en l’adorant, il n’a en rien la touchante humilité de ces grands hommes qui vis-à-vis de leur mère restent jusqu’à la fin des enfants qui oublient, comme elle l’oublie, qu’ils ont du génie), plaisent comme les personnages du roman qu’il vit, Un Grand Mariage, de même ses tableaux, soit ceux de sa galerie, soit ceux qu’il voit à Wierzchownia et qui, presque tous, doivent aller rue Fortunée, ces tableaux sont aussi des «  personnages de roman  » ; chacun est l’objet de courts historiques, de ces notices d’amateur, de cette admiration qui tourne vite à d’illusion, absolument comme s’ils figuraient non dans la galerie de Balzac, mais dans celle de Pons ou de Claës, ou dans la simple bibliothèque de l’abbé Chapeloud, dans ces romans de Balzac où il en est des tableaux comme des personnages et où le moindre Coypel «  ne déparerait pas la plus belle galerie  », de même que Bianchon est l’égal des Cuvier, des Lamark, des Geoffroy Saint-Hilaire.