Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/186

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vient du mobilier de quelque empereur d’Allemagne, car il est surmonté de l’aigle à deux têtes  ». De son portrait de la reine Marie «  qui n’est pas de Coypel, mais fait dans son atelier par un élève, soit Lancret soit un autre  ; il faut être connaisseur pour ne pas le croire un Coypel  ». «  Un Natoire charmant, signé et bien authentique, un peu mignard toutefois au milieu de solides peintures qui sont dans mon cabinet.  » «  Une délicieuse esquisse de la naissance de Louis XIV, une Adoration des bergers où les bergers sont coiffés à la mode du temps et représentent Louis XIV et ses ministres.  » De son Chevalier de Malte, «  un de ces lumineux chefs-d’œuvre qui sont, comme le joueur de violon, le soleil d’une galerie. Tout y est harmonieux comme dans un original bien conservé de Titien  ; ce qui excite le plus d’admiration, c’est le vêtement qui, selon l’expression des connaisseurs, contient un homme… Sébastien del Piombo est incapable d’avoir fait cela. C’est en tout cas une des plus belles œuvres de la Renaissance italienne, c’est de l’école de Raphaël avec progrès dans la couleur. Mais tant que vous n’aurez pas vu mon portrait de femme de Greuze vous ne saurez pas, croyez-moi, ce que c’est que l’école française. Dans un certain sens Rubens, Rembrandt, Raphaël, Titien ne sont pas plus forts. Dans son genre, c’est aussi beau que le Chevalier de Malte. Une Aurore du Guide dans sa manière forte, quand il était tout Caravage. Cela rappelle Canaletto, mais c’est plus