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XIII

LA RACE MAUDITE


Tous les jours après le déjeuner arrivait un gros et grand Monsieur à la démarche dandinée, aux moustaches teintes, toujours une fleur à la boutonnière  : le marquis de Quercy. Il traversait la cour et allait voir sa sœur Guermantes. Je ne crois pas qu’il sût que nous habitions dans la maison. En tout cas, je n’eus pas l’occasion de le rencontrer. J’étais souvent à la fenêtre à l’heure où il venait, mais à cause des volets il ne pouvait me voir et d’ailleurs il ne levait jamais la tête. Je ne sortais jamais à cette heure-là et lui ne venait jamais à aucune autre. Sa vie était extrêmement réglée  ; il voyait les Guermantes tous les jours de une heure à deux heures, montait chez Mme de Villeparisis jusqu’à trois, puis allait au club faire différentes choses et le soir allait au théâtre, quelque fois dans le monde, mais jamais chez les Guermantes le soir, excepté les jours de grande soirée,