Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/282

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humeur d’avoir vu repousser ses ambassadeurs qui étaient venus demander pour elle la main du prince de Syracuse. Puis voici un beau jeune homme, le duc de Wurtemberg qui vient demander sa main et elle est si heureuse de partir avec lui qu’elle embrasse en souriant sur le seuil ses parents en larmes, ce que jugent sévèrement les domestiques immobiles dans le fond  ; bientôt elle revient malade, accouche d’un enfant (précisément ce duc de Wurtemberg, souci jaune, qui nous a fait le long de son arbre de Jessé monter à sa mère, rose blanche, d’où nous avons sauté au vitrail de gauche), sans avoir vu l’unique château de son époux, Fantaisie, dont le nom seul l’avait décidé à l’épouser. Et aussitôt sans attendre les quatre faits du bas de la verrière qui nous représentent la pauvre Princesse mourante en Italie, et son frère Nemours accourant auprès d’elle, tandis que la reine de France fait préparer une flotte pour aller auprès de sa fille, nous regardons ce château Fantaisie, où elle alla loger sa vie désordonnée, et dans la verrière suivante nous apercevons, car les lieux ont leur histoire comme les races, dans ce même Fantaisie un autre prince, fantaisiste lui aussi, qui devait aussi mourir jeune, et après d’aussi étranges amours, Louis II de Bavière  ; et en effet au-dessous du premier vitrail nous avions lu sans même y prendre garde ces mots de la reine de France  : «  Un château près Barent.  » Mais il faut reprendre l’arbre de Jessé,