Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/281

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bourgeon de cristal coloré comme sur l’arbre de Jessé d’un vitrail. Les personnes prennent dans notre pensée de cette pureté de leurs noms qui sont tout imaginatifs. À gauche un œillet rose, puis l’arbre monte encore, à droite une églantine, puis l’arbre monte encore, à gauche un lys, la tige continue, à droite une nigelle bleue  ; son père avait épousé une Montmorency, rose France, la mère de son père était une Montmorency-Luxembourg, œillet panaché, rose double, dont le père avait épousé une Choiseul, nigelle bleue, puis une Charost, œillet rose. Par moments un nom tout local et ancien, comme une fleur rare qu’on ne voit plus que dans les tableaux de Van Huysum, semble plus sombre parce que nous y avons moins souvent regardé. Mais bientôt nous avons l’amusement de voir que des deux côtés du vitrail où fleurit cette tige de Jessé d’autres verrières commencent qui racontent la vie des personnages qui n’étaient d’abord que nigelle et lys. Mais comme ces histoires sont antiques et peintes aussi sur le verre, le tout s’harmonise à merveille. «  Prince de Wurtemberg, sa mère était née Marie de France, dont la mère était née des Deux-Siciles.  » Mais alors, sa mère, ce serait la fille de Louis-Philippe et de Marie-Amélie qui épousa le duc de Wurtemberg  ? Et alors nous apercevons à droite dans notre souvenir le petit vitrail, la Princesse en robe de jardin aux fêtes du mariage de son frère le duc d’Orléans, pour témoigner de sa mauvaise